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LORENTINO

intervention au love :

 

Lundi 31 Ocobre, 18H vernissage , Visible la semaine sur RDVS au 06 68 69 3 2 1 0

"C'est gâté! "

 


C’est gâté ! Intervention photographique de Lorentino au Love Experience -Nantes. Oct 2005


Ça se passe à la gare routière de Koutiala, au sud-est du Mali, sur la route qui va de Ségou à la frontière avec le Burkina-Faso.
Au bord de la route à forte circulation lors de son passage en ville, à la sortie du marché et au niveau de l’entrée de la Gare routière qui déverse des tas de choses hétéroclites du sommet de ses bus ; bagages, valises, tables, chaises, machines agricoles, poulets, chèvres, petits veaux et petits enfants avec leurs mères, sac de manioc, fagot de bois sec, série de casseroles et de faitouts, cuillères en bois, pneus, canne à sucre, ballots de vêtements, chaussures en plastique, ustensile de cuisine divers, bout de bois, pioches, pèles, machettes et chapeau de paille, légumes, mangues fraîches, viande séchée, une vache, un zébu, un bœuf, un autre veaux, des moutons, chèvres, brebis, et des poules , des poules, des poules, en grappe, la tête en bas, accrochées aux rétroviseurs, histoire peut-être de voir le chemin parcouru jusqu’ici !
Des tas de jeunes vendeurs ambulants accostent les passagers à travers les fenêtres des bus, en leur tendant à bout de bras des plateaux de galettes de sésame, baignais, sac d’arachides, œuf durs, brochettes de viandes, viande de zébu chaudes que l’on coupe entre l’index et le majeur avec un grand couteau supra aiguisé, très long, trop long, et que l’on manipule avec grâce et dextérité, afin d’obtenir de très fines tranches et de servir, viandes séchées, bâton de manioc, mangues, sac en plastiques d’eau fraîches, coca, bières, soda, thé ou café, fort de préférence, journaux parfois, surtout pour emballer le tout, et s’essuyer le front. Il fait 45° à l’ombre, 50 au soleil.
Les balles de coton arriveront plus tard.
Tout autour des bus stationnés, des gargotes, guinguettes et autres troquées fait de bric et de broc, planches clouées à la va vite, petits abris de fortune, tôle et brique, barricades !
Quelques chaises, peu de table, beaucoup de poussière.
On y boit des bières, du café du thé, de l’eau en sachée. Parfois on peut y manger : poissons braisés et riz gras, sauce arachide. Avec un coca, ça glisse tout seul.
La voiture qui chauffait avait trouvé son garagiste, le capot relevé, comme la gueule ouverte d’un crocodile qui aspire le plus d’air possible après avoir failli se noyer. Très vite, tout le monde vient voir ce qui se passe, mais déjà, d’autres bus arrivent. L’attention part ailleurs. Ici, il y a beaucoup à faire. Il faut allé s’en occuper. Des moteurs qui chauffent, on en a vu d’autres !
Et il est là, au bord de cette route, le grand panneau tout déglingué, qui n’indique plus rien puisqu’on a retirer ses plexis où devait être inscrit son message (lequel ?), son utilité, sa fonction. Avec sa forme étrange, bizarre, géante, un peu marrante aussi, « africanisante » si on peut dire (mélange entre forme traditionnelles et « futuristes »), baroque aussi, il ne reste plus que les réglettes de feus ses néons, disparus, arrachés, récupérés et peut-être même revendus depuis.
Tout seul, il trône là, comme un roi statufié, sur ses deux plots de béton, énorme animal sauvage figé, auquel on aurait retiré ses dernières défenses, sa carapace, son « utilité ». Tellement gros et tellement visible, qu’on ne le voit plus, qu’on ne le regarde plus.
On l’a dépouillé, déglingué, désossé, récupérer, démoli, détruit, mais pas complètement puisqu’il est encore là, dans sa plus grosse masse indestructible, car trop lourd, trop gros, trop fort, trop imposant. Il a même fini par faire parti du décor et on l’a oublié, comme ça.
On le touche plus, on ose juste poser son vélo contre lui, et les boutiques en paille tressées ne se montent qu’à quelques mettre de là. Il a la place pour lui tout seul. Comme si après la crainte, vient le respect (ou bien l’inverse).
Je demande alors aux gens de passage quelle enseigne c’était à l’origine ?
Bizarre comme question. C’est un panneau. C’est LE panneau, c’est tout. C’est vieux.
J’insiste. Alors on me dit que c’était l’enseigne de l’ancienne société nationale de coton.
Et qu’aujourd’hui, il y a un panneau neuf de l’autre côté de l’entrée de l’usine.
En effet, je n’avais pas fait attention. Il y a en effet un panneau plus « neuf », classique feuille de métal peinte à la main, planté sur deux barre de fer, belle écriture en couleur, sans doute réalisé par les artisans du quartier. Un panneau publicitaire, un de plus, comme il en existe des tas en Afrique, sans grand intérêt, en tout cas ici encore plus invisible à mes yeux que l’énorme monstre qui règne juste en face, qu’on ne regarde plus, mais, qui en vieux sage semble vouloir me dire : « Je dis plus rien, mais j’en pense pas moins, et même si mon intégrité en a pris un coup, je reste là moi, et c’est pas la chaleur, ni les vents de sable ou les saisons des pluies, ni les secousses des gros camions venus du nord et surchargés jusqu’à pencher, et qui pourraient me tomber dessus, qui auront raison de moi. Pas même les dos des zébus qui viendraient se frotter en troupeau à ma carapace, pas même vos gros 4x4 venus de si loin à toute vitesse pour « la course », pas même vos coups de pioche et vos engins de mort! Rien ! Indestructible je vous dis ! Et toujours là ».
Alors, usé, délavé par les pluies, brûler par le soleil, patiné par les vents venus du désert, chauffé par les reflet du goudron tout proche, usé, démoli, mangé, limé, élimé, rongé, corrodé, râpé, gâché, séché, consumé, éculé, vermoulu, foutu, fichu , plus bon à rien, hors d’usage, en ruine, HS, en loque, vétuste, déglingué, pourri, explosé, déchiré, vieux, trop vieux, mort…gâté, mais toujours debout, toujours là, digne, comme l’Afrique quoi ! Je présente ici un ensemble de photographie de cette vieille enseigne lumineuse de Koutiala, vu sous différents angles et dont l’une des photos est présentée dans un caisson lumineux (120x80) ; tentative de lui redonner la lumière qui lui manque.
Cette pièce s’inscrit dans mon travail à la suite d’autres travaux portant sur les panneaux d’affichage, et ouvre en même temps une nouvelle série de recherches sur l’espace, sa représentation, sa symbolique et les intérêts que l’on peut y porter. Je tenterai par la suite sous l’appellation « d’Espaces 0 », de proposer un ensemble de démarches personnelles et collectives, afin de réfléchir à ces lieux abandonnés, en friche, à l’écart, aussi proches ou lointains soient-ils.

Cette exposition est dédiée à tous les Africains victimes des incendies de leurs immeubles insalubres à Paris en 2005 et avant et de l’indifférence des politiques face à ces esclaves des temps modernes.

 

Réalisation précédente:

Titre: "Pour en finir avec Marcel"


A propos du travail de Lorentino :


Après des tentatives pour camoufler le camouflage militaire dans sa série de pièce intitulées « Welcome to Woodland » (1998/2002), Lorentino s’emploie au détournement d’objets, de concepts ou de mots afin de leur redonner une nouvelle identité, et de poser des questionnements sur ces nouvelles identités, plutôt que d’apporter des réponses toutes faites !
Jouant (c’est le maître mot) et se jouant de tout ce qui peut le toucher au quotidien, ou bien lors de ces voyages, il écrit, prend des photos, dessine, imagine des pièces et des installations et s’intéresse de plus en plus aux chiffres et à leur symbolique ; notamment au zéro !
L’effacement, la disparition, l’abandon et l’oubli sont aussi des thèmes qui lui sont chers, parce qu’il replace l’Homme face aux doutes de son existence, et lui redonne à ses yeux son humanité perdue, si il veut bien admettre que tout ce qu’il produit est vain dans le temps. Reste la vie au jour le jour, et ce qu’il y a de plus important à ses yeux : les rencontres, les discussions, les échanges, l’amitié. Un côté « idéaliste » qu’on lui a reproché plusieurs fois, mais qu’il cultive contre vents et marrés…ne sachant pas vraiment où tout cela le mènera. Il y’a des gens à qui sa fait peur. Lui, sa le rassure. Prendre les choses à l’envers !

 

 

Le-reste-j--ai-tout oublié…mme-blanche.

 

CV:

CV
Lorentino 01 40 10 95 26
22 rue Charles Garnier 06 10 04 09 65
93400 Saint-Ouen

lorentino@mailcity.com
France

www.tropassez.com
Né le 02/08/1970 à Saint-Martin d’Hères (38)
Nationalité : française


1998/2000 : Salon de l’éphémère, Fontenay sous Bois.
1998/99 : Exposition : « Sokaka Mashallah (la rue des enfants) ».
Résidence en Turquie, Galerie Dulcinéa, Istanbul.
Vidéo : « La fumée ».
Les Nuits savoureuses, Belfort.
2000 : « Le jardin à la française ».
Centre d’art Camille Lambert, Juvisy.
« Welcome to Woodland ».
SMAP/La Menuiserie, jardin de l’Hôtel de Ville, Choisy le Roi.
« Welcome to Woodland II”.
Université des Beaux-Arts de Xi’an, Chine.
Avec l’association : Carrefour des civilisation.
2000/2002 : Résidence à La Caserne, Centre de création artistique.
Pontoise.
2002 : Exposition collective « Présidentielles ». (avril)
Espace Beaurepaire, Paris. (avril)
Série de photographies « Surfer(s) ».
Résidence Captures 0.7, Royan.
Exposition collective « Boudoirs, salons et antichambres ».
CNEI de Chatou.
2003 : Création de la Home-Galerie, galerie à domicile.
Participation aux 1éres rencontres des plasticiens à La Villette.
« A la campagne ».
En collaboration avec Frédéric Trossel.
Centre d’Art Artélinéa, Congénies (30).
Résidence EST-NORD-EST.
Centre de sculptures de Saint-Jean-Port-Joli.
Québec.2004 : Expositions collectives : « Brainstorming, topologie de la morale ».
Suivie de « Climats, cyclothymie des paysages »
Centre d’art et du Paysage de Vassivière, Limousin.

Exposition collective : « A juste titre »
Centre d’Art Artélinéa. Congénies (30)

A venir : Résidence LoveExperience (Ex-Borderline), à Nantes, en oct. 2005.

Résidence et atelier de dessin avec l’association La Soupape Ailée, à Bobo-Dioulasso/Burkina-Faso
Courant 2005/2006.Publication : Les Transmissions 01. La Caserne Mars 2001. Catalogue Salon de l’Ephémère 98/99/00. Catalogue Trophée EDF CCAS 2002. Dépliant Captures 0.7, Royan, mai 2002. Editions de plusieurs cartes postales. Articles dans la presse turque. Paris Capitale, mars 2002. Charente libre, mai 2002. Catalogue Mémento 03-04 Canada (publication en sept 2005). Page centrale de la revue Papier Libres – n°34 oct. 03, édition galerie ESCA, Nîmes. Article sur les résidences Captures à Royan dans la revue Photos Nouvelles. Revue ESPACE, Québec sept 2004.
Formation: 1989/1993: DEUG, Licence, Maîtrise d’arts plastiques, Université d’Aix-en-Provence. Beaux-Arts d’Aix en Provence.


 

 

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